Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L'impossible état islamique?

15 Octobre 2017 , Rédigé par Madeleine Staeheli Toualbia Publié dans #musulman

"Je ne confonds pas l'islam politique tel qu'il a évolué fin du XVIIIe siècle, XXe siècle et XXIe siècle, avec la notion du politique en islam, qui est beaucoup plus large: (...)" (p. 49)

"Au départ de la pensée politique, l'État c'est une étape ultime, ce n'est pas une étape nécessaire, c'est sous la répression que tout à coup que l'État va donner l'impression que c'est par l'État qu'on change la société, mais il y a deux choses qui vont être importantes.

Le premier, c'est la question de l'éducation, (...). L'éducation ce n'est pas simplement connaître les principes islamiques, c'est une éducation linguistique, culturelle et religieuse. (...)

L'autre élément qui a été le plus dangereux, c'était l'élément économique, c'est-à-dire tout le secteur économique. (...) La puissance économique alternative qui a été développée, c'était de se fonder sur toutes les petites et les moyennes entreprises alternatives, mais cela, on n'en parle pratiquement pas. (...) (p. 52/53)

"En fait, la pensée des Frères [musulmans] s'est capitalisée, au sens, elle est devenue capitaliste de plus en plus (...)" (p. 53)

"(...) la colonisation politique et économique, elle va effectivement faire deux choses.

Elle va peu à peu diviser les nations. (...) Et comprenez bien, quand l'utilisation de vos sources vous font penser le politique par l'État et par la loi, et que celui qui vous domine vous constitue en États par le droit, il vous pousse à tomber dans le piège de ce que fut elle-même votre propre tradition, c'est-à-dire qu'à force d'avoir réduit votre rapport aux références musulmanes, á l'État et au droit, et qu'on vous impose une fragmentation des connaissances et une segmentation et une division des espaces, eh bien, vous tombez dans le piège là." (p. 54/55)

"(...) pourquoi un État [comme l'Arabie saoudite] qui se fonde autant sur la référence islamique, n'est pas considéré dans le discours général comme islamiste, (...) la clé est dans l'économique, (...)

Tout le système saoudien économique est un système corrompu qui participe au grand capital, (...), mais on ne vas pas le présenter comme politiquement diabolique, ou on ne vas pas le marginalisé [marginaliser] politiquement, parce qu'on en a besoin économiquement (...)" (p. 58)

"Il y a aujourd'hui une attraction de l'islam qui est presque émotionelle, qui n'est pas profonde, spirituelle. (...) Et là, il y a un problème, parce que la vraie éthique, elle est rationelle (...) Elle travaille sur la conscience et la raison." (p. 61)

"La pensée politique qui finalement aujourd'hui a juste changé le nom de l'État islamique pour nous dire l'État civil avec des références islamiques, reste aujourd'hui extrêmement pauvre, 1° sur la politique, 2° sur la politique éducative, sur la politique économique et finalement, (...), nous avons une espèce d'attraction qui est liée à l'autorité des Textes, l'autorité de la tradition et l'autorité émotionelle.

Quand les musulmans ne savent plus voir chez les musulmans, quels sont ceux qui au nom de l'islam trahissent les principes de l'islam, c'est un problème. (...) c'est ça le populisme aussi, (...) athées et (...) chrétiens ou même juifs ou bouddhistes ou hindous des gens qui sont sur la même perception, qui défendent les mêmes réalités que nous, mais avec lesquels on ne sait plus entrer en communication parce que notre attachement à nos principes est émotionnel, il n'est pas rationnel, il n'est pas spirituel, il n'est pas profond." (p. 66/67)

(Ramadan, Tariq; 2017; La relation religion-État - Islam et politique - L'impossible État islamique?, 'Conférences", El Borhane, Alger)

Partager cet article

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Commenter cet article